#PioliOUT, tel était le hashtag qui fleurissait sur les réseaux sociaux lorsque Stefano Pioli était pressenti pour devenir entraîneur de l’AC Milan. Deux ans après son arrivée, force est de constater que le tacticien italien a su remettre sur pied le club lombard. Entre installation d’un système qui fonctionne, recrutement intelligent et adaptation tactique, tour d’horizon de ce qui a permis au Milan de redevenir une équipe importante en Série A. 

(Source : CalcioMercato)

Quatre mois après son arrivée sur le banc de l’AC Milan, Marco Giampaolo est démis de ses fonctions par le board lombard. “Le taliban”, comme il aime se surnommer, et son habituel sapin de Noël, système en 4-3-2-1, ne fera pas long feu sur le banc milanais. Au-delà des résultats compliqués -le Milan pointe à la onzième place lorsque l’entraîneur italien est limogé- il est critiqué pour son approche avec les recrues. Rafael Leao, arrivé du LOSC contre une vingtaine de millions d’euros, Théo Hernandez ou encore Ismaël Bennacer ne sont que très rarement alignés ce qui déplait à la direction de l’époque. Malgré la victoire en trompe-l’œil contre le Genoa, les sorties de l’AC Milan sont trop brouillonnes et la sauce ne semble pas prendre. Pour le remplacer, les dirigeants milanais font appel à Stefano Pioli pour assurer l’intérim dans l’idée d’attirer Ralf Rangnick, l’homme fort du groupe Red Bull, l’été prochain. 

UN 4-2-3-1 BIEN HUILÉ

Face à Lecce, pour son premier match avec l’AC Milan, Stefano Pioli optait pour le 4-3-3 avec Lucas Biglia en pointe basse comme véritable dépositaire du jeu. Un système utilisé pendant 11 journées où seulement 13 points ont été récoltés. Avec le retour du géant suédois, Zlatan Ibrahimovic, il entreprend une révolution tactique pour mettre son attaquant dans les meilleures dispositions. Une révolution accentuée par l’arrêt forcé de tous les championnats lié au Covid-19, avant lequel l’entraîneur italien avait effectué un bref passage en 4-4-2 avec Rafael Leao et Zlatan Ibrahimovic à la pointe de l’attaque. 

(Réalisé avec Lineup11)

En juin, Pioli revient avec un 4-2-3-1 nettement mieux huilé. Le tacticien passé par l’Inter Milan, la Lazio ou encore la Fiorentina, s’appuie notamment sur plusieurs duos complémentaires. Parmi eux, le double-pivot composé d’Ismaël Bennacer et de Franck Kessie. L’international Ivoirien récupérant un nombre incalculable de ballons et le milieu algérien étant la rampe de lancement du jeu rossonero. Les deux arrières latéraux, Davide Calabria, aujourd’hui capitaine, et Théo Hernandez, se complètent eux aussi. Le néo-international français est constamment porté vers l’avant tandis que le défenseur droit est plus complet. Une association qui permet de compenser les montées incessantes de l’ancien merengue. Dans le cas où Davide Calabria est lui aussi porté sur le front de l’attaque, c’est soit Franck Kessie soit Ismaël Bennacer qui viennent suppléer les défenseurs centraux en se plaçant entre les deux. La volonté de Stefano Pioli est d’avoir une assise défensive avec, très souvent, au moins trois défenseurs derrière en phase offensive pour anticiper les éventuelles transitions. Plus haut sur le terrain, les milieux excentrés sont également complémentaires. Que ce soit Ante Rebic ou Rafael Leao, les deux ont tendance à rentrer vers l’intérieur, ce qui n’est pas le cas à droite où Alexis Saelemaekers travaille plus sur son côté. 

Avec ce système, le coach lombard a su recréer une dynamique positive. En effet, lors de la reprise de la Série A en juin, les rossoneri avaient fait forte impression en restant invaincus pendant plus de 27 matchs. Une série stoppée un soir de janvier par l’ennemi de toujours, la Juventus Turin portée par l’étincelant Federico Chiesa. À la suite de cette défaite, le Milan entame une période compliquée. La deuxième partie de saison va jusqu’à remettre en doute la qualification pour la Ligue des Champions, décrochée lors de la dernière journée après une victoire deux buts à zéro au Gewiss Stadium face aux hommes de Gianpiero Gasperini. Malgré cela, le tacticien italien renouvelle sa confiance à son 4-2-3-1 et s’appuie sur ses hommes forts, qu’il a fait venir, pour garder le cap. 

UN RECRUTEMENT INTELLIGENT

Pour remettre le Milan AC sur la scène européenne, les dirigeants lombards et Stefano Pioli ont travaillé conjointement lors des mercatos. Pour son premier en tant qu’entraîneur de l’AC Milan, deux hommes d’expériences rejoignent les rangs de l’AC Milan : Zlatan Ibrahimovic et Simon Kjaer. Le premier étant à la recherche d’un ultime challenge après un passage au Los Angeles Galaxy où il marqua le championnat de Major League Soccer en inscrivant 53 buts en 58 matchs. Une arrivée qu’il salua dans les colonnes du Corriere Della Serra : “C’est un guerrier, un leader, un joueur charismatique qui a un grand sens des responsabilités et un grand désir de gagner. Il sera stimulant pour toute l’équipe, sa contribution sera fondamentale. Étant la plus jeune équipe de la ligue, nous avons trouvé quelques limites en termes de compétitivité. Ibra est le type de joueur, de personne et de leader qui peut nous aider à les combler”. Le deuxième souhaitant se relancer après une saison quasiment blanche chez le voisin bergamasque où il jouait seulement six petits matchs. Ces deux joueurs ont joué un rôle clé dans le retour du Milan en Ligue des Champions. Simon Kjaer, le capitaine du Danemark, apporte de la stabilité dans la défense du Milan et forme une charnière complémentaire avec Fikayo Tomori. Une doublette qui va même jusqu’à reléguer sur le banc Alessio Romagnoli, le capitaine depuis la saison 2018/19 et le départ en fanfare de Leonardo Bonucci. Zlatan Ibrahimovic, quant à lui, depuis son retour a inscrit 31 buts et joue un rôle important dans les gros matchs. Le dernier en date, celui face à l’AS Roma (victoire 2 buts à 1 du Milan) où il a porté le front de l’attaque quasiment à lui tout seul en marquant un but et en provoquant un pénalty converti par Franck Kessié. 

(Source : Eurosport)

Le recrutement de Mike Maignan est également l’exemple d’un recrutement intelligent. L’ex-portier du LOSC est arrivé pour remplacer Gianluigi Donnarumma qui, par l’intermédiaire de Mino Raiola, s’avérait très gourmand lors des négociations pour le renouvellement de son contrat. Le choix du gardien français s’est très rapidement expliqué lors des premiers matchs de la saison.

(Crédit Photo : beIN Sport)

(Crédit Photo : beIN Sport)

Face à la Sampdoria, lors du premier match officiel de l’exercice 2021/22, Mike Maignan a montré aux fans milanais tout ce qui fait de lui un gardien de haut niveau. Ce jour-là, l’AC Milan avait ramené les trois points en partie grâce à ses arrêts réflexes. Mais surtout l’international français avait vite fait oublier Gianluigi Donnarumma en ce qui concerne le jeu au pied. Deux phases de jeu attirent particulièrement l’attention. Sur l’image 1, on peut voir que l’ex-portier lillois se place entre Simon Kjaer et Fikayo Tomori pour créer une supériorité numérique à la relance face au pressing haut entrepris par les hommes de Roberto D’Aversa. Un positionnement qui permet aux rossoneri de repartir de derrière en trouvant notamment un des deux milieux composant le double-pivot, dans ce cas-là Sandro Tonali. 

Sur l’ouverture du score de Brahim Diaz (Image 2), un autre cas de figure illustre la palette technique dont dispose Mike Maignan. Le pressing mis en place par les coéquipiers de Fabio Quagliarella bloque les solutions de passes courtes et pousse le gardien du Milan a sauté le premier rideau de ce pressing par du jeu long. Les deux latéraux, Théo Hernandez et Davide Calabria (invisible sur l’image), proposent une solution tous deux au large. Maignan décidera de servir Calabria qui profitera d’un errement de Tommaso Augello pour offrir une passe décisive à Brahim Diaz.

UNE ADAPTATION CONSTANTE

Le retour au haut niveau du Milan peut également s’expliquer par une flexibilité du système de jeu en cours de match. L’année dernière, le club lombard s’est essoufflé en deuxième partie de saison à cause notamment de son schéma tactique et de son animation qui est devenue prévisible. La rencontre qui marque le plus cette prévisibilité reste le Derby Della Madonnina, remporté trois buts à zéro par les coéquipiers de Romelu Lukaku. Lors de ce match, le 4-2-3-1 de Stefano Pioli a été torpillé par le 3-5-2 de son homologue italien, Antonio Conte. Des sorties de balles au pressing, les rossoneri ont été dépassés dans presque tous les compartiments de jeu. Une gifle qui montre les limites du coaching de l’ancien entraîneur de la Viola. Cependant, cette saison l’AC Milan semble montrer un tout autre visage dans l’adaptation tactique. 

(Source : Eurosport)

Le soir du 31 octobre 2021, les coéquipiers de Zlatan Ibrahimovic, auteur d’un gros match ce soir-là, se déplacent au Stadio Olimpico pour défier l’AS Roma de José Mourinho. Deux 4-2-3-1 identiques sur le papier mais bien différents dans l’animation s’affrontent. D’un côté, le football très cadré prôné par le Spécial One et de l’autre le style direct de Stefano Pioli. Un choc tactique qui tourne en faveur des lombards grâce notamment à un travail d’adaptation important.

En effet, lorsque les rossoneri avaient la possession du ballon, un changement de système s’opérait passant d’un 4-2-3-1 à un 3-1-6 pour contrer le 4-4-2 bloc bas mis en place par l’entraîneur portugais. Franck Kessié se glissait entre les deux défenseurs centraux pour créer, là encore, un surnombre à la relance face au duo bien esseulé Tammy Abraham-Lorenzo Pellegrini. Ismaël Bennacer, le seul milieu de terrain, se comportait comme un électron libre en bénéficiant de la fixation de la ligne de six joueurs devant lui. Une ligne qui occupait pas moins de huit défenseurs, les quatre défenseurs et les quatre milieux de terrain qui n’osaient pas sortir sur l’international algérien par peur de laisser une infériorité numérique derrière eux. Une fois le ballon arrivé dans le dernier tiers du terrain, le positionnement à différentes hauteurs des six joueurs couvrait l’intégralité de la largeur. Calabria et Leao s’intercalaient parfaitement dans les demi-espaces, ce qui permetta de multiplier les jeux en triangle pour trouver le troisième homme libre. 

Si l’Ac Milan redevient une écurie séduisante en Série A, elle le doit en grande partie à Stefano Pioli qui a su redonner à cette équipe de la confiance et de la rigueur, bien que l’arrivée de Zlatan n’y soit pas étrangère. Cette année, le club lombard semble s’être renouvelé tactiquement, faisant de lui un adversaire imprévisible. 

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