Depuis plusieurs années, la Belgique se présente comme une référence en matière de production de talents. Cette réussite attise la curiosité de nombreux observateurs qui considèrent, désormais, avec un certain intérêt le Plat Pays et son football. Sucrerie préférée des recruteurs et des férus de football d’ailleurs, la formation noir-jaune-rouge régale de plus en plus.

Durant la dernière fenêtre des transferts estivaux, nombreux sont les jeunes joueurs qui ont plié leurs bagages dans le but de rejoindre les grandes scènes du football mondial. Parmi eux, Loïs Openda et Jérémy Doku, deux purs produits de la formation belge. Leurs bonnes saisons du côté de la Ligue 1 ont capté l’attention et tapé dans les yeux des plus grandes formations et, parmi elles, le RB Leipzig et Manchester City.

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De plus en plus de jeunes joueurs belges rejoignent le gratin du football européen et ces ascensions étonnent le monde du ballon rond. Dans toute cette effervescence, une question revient régulièrement : comment un pays aussi petit arrive à produire autant de footballeurs prometteurs ? Nouvelle terre promise à l’éclosion des futures stars de demain, la Belgique se forge une réputation solide en matière de formation et cela est dû, notamment, à une refonte d’un système entier, favorisant ainsi le football de demain et ses espoirs prometteurs.

LES JEUNES AU CENTRE DES TERRAINS

La jeunesse a toujours eu une place importante dans le football belge. Dès les premiers pas d’un espoir dans le monde professionnel, il est choyé et couvé par son club de sorte à appréhender de la meilleure des manières la suite de sa carrière. Pendant sa formation, le jeune joueur est préparé et rôdé à faire ses classes le plus vite possible et ainsi, faire valoir toute l’étendue de son talent.

D’après Stan*, éducateur auprès d’un club de la banlieue bruxelloise, il est important de lancer, très tôt, les joueurs aux potentiels intéressants. « En Belgique, les talents ne courent pas les rues et sont très rares à dénicher car, soit ils font déjà partie d’un centre de formation réputé ou alors ils décident de rejoindre l’étranger pour obtenir de plus grandes opportunités », note-t-il.

Une pression existe dans le fait de former en raison de la curiosité et des enjeux existants autour des jeunes joueurs. De nombreux clubs se ruent à la vue du premier prodige et, pour les clubs formateurs, cela devient de plus en plus compliqué de les retenir tant les propositions sont intéressantes. « Autour de moi, beaucoup se plaignent du fait que les talents belges s’envolent très tôt de leurs nids car ils sont loin d’être complets au moment de leurs départs. Même si les clubs parviennent à être compensés financièrement, les manières de faire ne plaisent pas forcément », explique le formateur bruxellois.

Julien Duranville, Mika Godts ou encore Noah Mbamba ont, tous trois, quitté la Jupiler Pro League la saison dernière en ayant moins de vingt matchs professionnels au compteur. Des envolées précoces qui sont de plus en plus récurrentes dans le Plat Pays et les clubs formateurs, eux, sont condamnés à voir leurs pépites s’en aller et viser de meilleurs échelons. Contrats juteux et projets attractifs en guise de hameçons, les jeunes Belges sont tentés par l’idée de voir leurs carrières prendre des tournants importants pour la suite. Face à cette nouvelle vague, la seule issue pour les clubs formateurs est de céder aux offres.

LA POST-FORMATION, UNE NOUVELLE MINE D’OR

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Depuis la saison 2022-2023, la Challenger Pro League – deuxième division nationale – a inclus dans ses rangs cinq équipes composées uniquement de joueurs âgés de moins de 23 ans. Cette réforme s’explique par une envie de redynamiser la division inférieure et de générer de nouveaux profits pour un football belge en crise depuis plusieurs années. L’exposition des jeunes talents fait facilement grimper leurs valeurs et permet aux clubs de s’assurer une compensation financière sur de potentielles ventes. Avec des finances dans le rouge, de nombreux clubs tentent, coûte que coûte, d’équilibrer les pertes des saisons précédentes. Le football belge se retrouve donc contrainte à se refaire une santé financière et les joueurs représentent un moyen efficace de renflouer les caisses.

Si certains joueurs sont tentés de tenter le grand saut très tôt dans leurs parcours, d’autres sont parfois contraints de quitter leurs clubs formateurs pour apporter une contribution et permettre au club d’assurer sa survie pour les 5 prochaines saisons. « Il y a une manière de procéder les départs des jeunes qui n’est pas très saine, estime Stan. Se retrouver dos au mur et ne pas avoir d’autres solutions qu’un départ en frustre plus d’un. La plupart des jeunes joueurs ne veulent pas reproduire les erreurs de leurs ainés mais le système actuel les pousse à se frotter à des choix contraignants. »

Le football belge s’exporte, de plus en plus et tape dans l’oeil des clubs étrangers. Venir faire ses emplettes du côté du pays de Tintin est devenu la norme, notamment pour les clubs de la Ligue 1 Uber Eats. Le Stade de Reims, entre autres, et son directeur sportif Pol-Édouard Caillot l’ont rapidement compris. « La Juplier Pro League est le meilleur tremplin vers la Ligue 1, selon moi. Un gars qui vit à Charleroi, à Liège ou à Anvers sera moins dépaysé en arrivant à Reims que quelqu’un qui arrive du Portugal ou même de Toulouse », expliquait ce dernier dans les colonnes de So Foot. Un terrain de chasse qui continue à pourvoir de nouvelles armes pour des formations évoluant dans des championnats plus huppés. La Belgique du football se fait reconnaitre et sa cote de popularité ne devrait pas baisser de sitôt tant elle est l’une des meilleures écoles formatrices en Europe.

*Le prénom a été modifié.

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