Après avoir décrypté en premier lieu, les raisons qui ont poussé le changement vers une Ligue 1 à 18, intéressons-nous désormais aux conséquences de cette mini-révolution.


Ce billet contient des opinions personnelles, basées sur des faits, mais surtout un ressenti.


Le but de cet affinage de l’élite est principalement financier – évidemment. Il permet de réduire le nombre de clubs recevant la part des droits TV engagés par les diffuseurs, tout en essayant de négocier de meilleures sommes. On a notamment pu entendre parler à nouveau du fameux milliard d’euros il y a peu, comme si la leçon Téléfoot n’avait pas suffit. De plus, on ressert l’étau à tous les niveaux professionnels, puisque 18 équipes seront également engagées en Ligue 2 la saison prochaine, ce qui aurait au moins eu le mérite de faciliter les calculs pour la Coupe de la Ligue si elle existait encore.

QU’EST-CE QUE ÇA VA VRAIMENT CHANGER ?

Un des avantages considérables, au-delà de l’aspect financier, est celui du calendrier. Dans une époque où le nombre de matchs devient tellement conséquent chaque saison, alléger de quatre journées le championnat n’est pas négligeable. D’autant plus dans une année où Coupe d’Afrique des Nations, Euro et Jeux Olympiques vont se dérouler. Alors certes, sur le papier il y a du bon. Mais a-t-on pensé à l’essentiel, le but premier ne serait-il pas de se concentrer sur l’attractivité de notre championnat ?

Resserrer l’élite c’est aussi favoriser l’entre-soi. Les clubs qui vont perdurer en Ligue 1 vont pouvoir se développer plus vite, plus fort. C’est déjà notamment le cas d’équipes comme Reims, Lorient, Strasbourg, qui au-delà de leur bon travail relatif, semblent désormais passer un véritable cap dans leur évolution. Mais quid alors de clubs comme Clermont, qui a fait l’exploit de survivre en Ligue 1 ces dernières années malgré un effectif relativement faible et surtout, un budget famélique. Est-ce que si les Auvergnats étaient montés cette saison en Ligue 1, leur chance de se maintenir aurait-elle été la même ?

(Crédit : foot-national.com)

Cette face de l’iceberg est absolument hypothétique et ne se base pour l’instant que sur des suppositions. Ce qui peut être véritablement comparé est en revanche le niveau de jeu. Va-t-on contribuer au développement de nos clubs français en créant un modèle semblable à celui de la Bundesliga ?

L’ÉLITISME AUX DÉPENS DU PLAISIR

Dans le fond, tout sur le papier laisse imaginer un championnat à 18 plus intéressant. Les équipes seront probablement plus équilibrées et les écarts devraient fondre entre petits et gros, ce qui laisse imaginer un supposé suspense chaque saison. Pourtant, l’idée me dérange fortement. Est-ce une histoire de romantisme, de tradition que j’ai toujours connue depuis ma naissance ? Sans doute, mais au fond de moi, j’ai surtout l’impression que ce changement ne fera que de faire perdre encore plus d’intérêt à notre championnat.

Deux équipes en moins, c’est une quarantaine de joueurs en moins à découvrir, des idées que l’on ne connaitra pas, bonnes ou mauvaises, des surprises en moins. J’ai encore du mal à mettre des mots sur ce que cela me laisse imaginer, mais j’y vois en quelque sorte un élitisme forcé. Nous ne gardons que les meilleurs pour ne voir que le meilleur. Mais on y perd la diversité, l’occasion de découvrir quelque chose que nous ne verrons jamais. Par exemple, j’ai pris un grand plaisir à découvrir un Bersant Celina à Dijon, pourtant vingtième de Ligue 1 lors de la saison 2020-2021, de même pour Quentin Boisgard et Manu Koné à Toulouse. Wilson Odobert, Mama Baldé, Hamza Sakhi, Han-Noah Massengo, Nabil Bentaleb, Amine Salama, la liste est non exhaustive, mais aurait-on eu la chance de tous les croiser l’an dernier dans un championnat à 18 équipes ?

De plus, les promus risquent d’autant plus de faire l’ascenseur chaque année avec ce nouveau système. Les chances du Havre et de Metz de se maintenir paraissent bien maigres cette saison, aurait-ce été autant le cas si deux équipes supplémentaires s’étaient maintenues. D’autant qu’un seul maintien peut permettre à une équipe de se stabiliser dans la durée et construire un beau projet. J’ai sans doute tort de penser ce que je pense aujourd’hui, mais j’ai malgré tout l’intime conviction que cette mini-révolution n’améliorera en rien les défauts de notre championnat, mais enlèveront en partie ce qui en fait son charme pour les fervents suiveurs. Car oui, la Ligue 1 a ce côté sympathique, parfois rocambolesque avec toute la faiblesse qui la caractérise. Forcer un élitisme qui n’atteindra jamais la cheville des plus grands championnats européens ne rapportera pas plus de spectateurs.

Preuve en est aujourd’hui avec la folie saoudienne, car même avec d’énormes stars à tous les niveaux et des sommes extravagantes balancées de part et d’autre, la majorité des suiveurs proches du foot n’y jèteront pas plus qu’un coup d’oeil furtif. À une échelle plus petite, le simple exemple du PSG suffit à prouver que le bling-bling ne suffit pas, qu’il faut sans doute autre chose. Une âme, une vision, un projet, une construction, pas seulement des liasses entassées, qui au premier coup de vent laissent s’écrouler l’escalier vers le triomphe qu’elles imaginaient former.

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