Dimanche 21 novembre, le Clermont Foot 63 perd à domicile face à l’OGC Nice (2-1). Sur le papier, le score est logique tant la différence d’effectif est criante. Pourtant, sur la pelouse du folklorique Stade Gabriel Montpied, les locaux n’ont pas à rougir de leur prestation et peuvent même nourrir des regrets après avoir encaissé deux buts en fin de match par l’inévitable Amine Gouiri. Une perte de point qui peut couter cher à un club qui se retrouve alors dix-huitième de Ligue 1. Pourtant, les motifs d’espoir sont très nombreux en Auvergne, et ce, autour de deux figures et d’un même nom.

« Pascal, première fois qu’il me parle comme ça ! Tu dis à ton fils, c’est la première fois qu’il me parle comme ça !”. Pas toujours facile d’être le fils du coach, encore moins quand l’entraîneur adverse parle de toi comme cela, et n’en parlons pas lorsqu’il s’agit du caractériel Antoine Kombouaré. Alors que le technicien nantais s’emporte face à Pascal Gastien en octobre dernier, le fiston, Johan, rentre aux vestiaires, tête basse après son deuxième carton rouge de la saison. Son absence se fait ressentir sur le jeu de son équipe lors du reste de la rencontre mais également celles face à Marseille et Saint-Etienne qu’il loupa donc pour cause de suspension. Plus tôt, il avait quitté prématurément le terrain face à Brest et ne joua pas contre Rennes. Aucune victoire, treize buts encaissés, quatre marqués sans lui. Johan n’est pas juste le fils de son père, c’est surtout un formidable joueur de football et une pièce maîtresse du Clermont Foot de Pascal.

UN COLLECTIF RODÉ

Depuis que nous vous avons présenté les idées de jeu de Pascal Gastien la saison dernière, en Ligue 2, elles n’ont pas changé malgré l’exigence, les risques et l’enjeu de la Ligue 1. La tacticien voulait rester fidèle à ses idées et cela crée un véritable vent de fraicheur sur le championnat de France. Après un surprenant début de saison, le Clermont Foot marque un peu plus le pas au niveau comptable mais continue d’afficher un visage enthousiasmant. L’effectif auvergnat s’est renforcé durant l’intersaison et n’a surtout pas pâti de départ significatif parmi les joueurs cadres comme Florent Ogier, Akim Zedadka ou Jim Allevinah.

(Source : La Montagne)

Si Mohamed Bayo remporte haut la main l’applaudimètre de Montpied au moment de l’annonce de la composition, c’est pourtant le numéro 25 au style moins glamour qui semble irremplaçable dans le collectif clermontois. Les statistiques citées précédemment prouvent d’ailleurs qu’il y a une équipe avec et sans lui. Dans le 4-2-3-1 confectionné par son père, Johan Gastien dispose de grandes libertés. Il aime descendre entre ses centraux durant les phases de relance et se plait à attaquer le bloc adverse par des passes plus tranchantes les unes que les autres.

Le jeu de position que Pascal Gastien tente de mettre en place est facilité par la présence de son fils qui est le véritable garant tactique sur le terrain. Il porte ce prénom en l’honneur de Johan Cruyff et ne lui fait pas honte. Jamais avare de conseil, il emmène ses coéquipiers dans son sillage en match comme à l’entraînement où il est souvent exemplaire. « Il est un de nos meneurs, il connaît notre jeu par cœur et lit bien le jeu de l’adversaire. Il est souvent là pour couper les passes ou les contre-attaques adverses et ensuite, il est capable d’orienter notre jeu correctement” expliquait justement l’entraîneur dans les colonnes de La Montagne.

STATUT PRIVILÉGIÉ ?

Johan Gastien est un joueur majeur de l’équipe de son père depuis maintenant trois ans mais comme le montre l’altercation avec Antoine Kombouaré, ce n’est pas toujours simple à vivre. “C’est parce qu’il est presque indiscutable que la relation est beaucoup plus facile à gérer” bote en touche le papa. La tête pensante du milieu clermontois estime, lui, que “tous les deux ou trois matchs, tu vas avoir un joueur qui va me faire cette réflexion. C’est frustrant, ça m’emmerde un peu sur le coup, mais derrière, je n’y fais pas attention. Vu que je suis un peu chiant avec mon tempérament sur le terrain, je me dis aussi que c’est une technique de déstabilisation pour me faire tomber dans un piège”. Son rouge écopé à Nantes après de nombreux duels ciblés peut en attester.

Non, Johan Gastien n’a pas de statut privilégié accordé par son père. Il est simplement un joueur central de son système. Souvent associé à Salis Abdul Samed dans le double pivot du 4-2-3-1 cette saison, il n’hésite pas à le conseiller voire le placer sur le rectangle vert. De la même façon, il expliquait aiguiller Yohann Magnin dans son rapport aux risques entrepris balle au pied. Même constat avec Jonathan Iglesias, pourtant moins jeune que les autres, ou Oriol Busquets, fraichement arrivé de Barcelone et n’ayant pas encore pris ses marques.

(Source : La Montagne)

N’ayant pas peur de la concurrence au milieu de terrain clermontois, il se voit davantage dans un rôle de grand frère pour ses jeunes coéquipiers. Il peut, en effet, se targuer d’une relative expérience du niveau professionnel, indéniablement la plus grande de l’effectif rouge et bleu. Vétéran du groupe professionnel, il compte surtout à son actif près de 170 rencontres de Ligue 2. Ses principales expériences sont avec le Dijon d’Olivier Dall’Oglio et le Stade Brestois de Jean-Marc Furlan. Hormis durant la première moitié de saison 2016/17 avec Dijon -qu’il quitte en hiver- il a dû attendre ses 33 ans pour réellement connaître l’élite nationale. Une anomalie pour un joueur de son calibre.

L’ART DE LA PASSE

Placé devant la défense, Johan Gastien est plus qu’un point de fixation à la relance, il est le principal fer de lance des nombreuses offensives clermontoises. Il occupe ce poste depuis son arrivée à Clermont alors qu’il était plutôt concentré sur les 30 derniers mètres, en tant que meneur de jeu, à ses débuts. Plus qu’une histoire de positionnement, c’est sa qualité de passe qui le relie à certains joueurs tels qu’Andrea Pirlo ou Thiago Motta, toutes proportions gardées. Transversales longues, passes entre les lignes, une-deux, il maîtrise absolument tout.

Après onze journées de Ligue 1, il réalise en moyenne 90 passes par matchs, ce qui le place dans le top 1% des cinq grands championnats en termes de passes tentées, de passes longues tentées et de distance gagnée vers le but adverse par la passe. Sur le schéma ci-dessous réalisé par Coparena, on peut voir que Johan Gastien est une arme plus qu’efficace lorsqu’on son équipe veut entrer dans le dernier tiers grâce à la transmission. “Pour moi, faire une passe décisive représentera plus que marquer un but” avouait-il dans un podcast pour le nouveau média. S’il est facile de s’apercevoir de la qualité de son geste, on ne peut pas dire de même au niveau des statistiques de passes décisives. Cette saison, il n’en a réalisé qu’une tandis que son maximum est de cinq durant un exercice complet. Rarement décisif, cela est encore amplifié par son positionnement plus bas que lors de ses débuts.

Au fil de sa carrière, Johan Gastien a connu différents entraîneurs qui lui ont demandé certaines choses, faisant ainsi évoluer son jeu. Plus haut sous Jean-Marc Furlan, il est désormais devant la défense avec Pascal Gastien. De la même façon, cela a fait évoluer son jeu de passe. Alors qu’on lui reprochait de transmettre de manière trop forcée voire trop risquée. Dans le premier cas, il accepte volontiers la critique et réussit désormais à faire le tri au moment de lâcher le ballon. Toutefois, il continue de penser que la prise de risque par la passe est un facteur favorisant grandement le gain.

Si le compositeur de l’orchestre clermontois n’est nul autre que Pascal Gastien, il est également évident que le chef est son fils, Pascal. Il y a une équipe avec et sans lui, comme en témoigne les difficiles rencontres durant ses -trop nombreuses- suspensions. Le plan “Anti Johan Gastien” de l’Olympique Lyonnais a fonctionné en pressant fort sur le milieu défensif et ainsi en asphyxiant la relance auvergnate. La récente sortie sur blessure de Salis Abdul Samed va également rebattre les cartes au milieu de terrain pour accompagner le numéro 25. En grand adepte de la Pep Team barcelonaise, on imagine quand même le souhait du coach d’aligner une paire Gastien-Busquets.

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