Après un début de saison laborieux, l’OGC Nice s’est replacé dans la course à l’Europe. Septièmes de Ligue 1 et invaincus depuis la prise de fonction de Didier Digard, les Aiglons font partie des attractions de l’année. À force de travail, d’intensité et de plaisir.

« À partir du moment où on n’a pas la pression du résultat, qu’on travaille dans la durée sans être pris par le temps, ce qui nous importe est de construire des fondations solides pour ce projet. » Didier Digard détonne dès sa première conférence de presse en tant que numéro 1. Pull décontracté sur les épaules, cheveux rasés, barbe taillée et sourire aux lèvres, il ne ressemble pas vraiment à l’archétype des entraîneurs Ineos. C’est pourtant la nouvelle figure de proue du projet britannique 4.0. Après Patrick Vieira ou Christophe Galtier, l’ancien milieu de terrain niçois a remplacé Lucien Favre dont il a été l’adjoint jusqu’à depuis janvier. Depuis, il réanime l’OGC Nice.

NOUVEAU DÉPART, NOUVEL ÉLAN

La défaite face au Puy (National) en 32e de finale de Coupe de France a été fatale au coach suisse. Les Niçois n’avaient gagné aucun des trois matchs post-Mondial. L’électrochoc nécessaire est venu de Didier Digard. Après la salle de presse, c’est l’ensemble de l’Allianz Riviera qui a pu profiter du vent de fraîcheur. Première victime : Montpellier, étrillé 6-1. Avant d’affronter l’AJ Auxerre ce vendredi, l’OGC Nice reste sur une série de six succès et deux nuls lors des huit matchs qui ont succédé le changement d’entraîneur. Lille (1-0), Lens (0-1), Marseille (1-3) ou Monaco (0-3) se sont ajoutés au tableau de chasse des Aiglons. Avec 20 points sur 24 possibles, Nice est tout simplement la meilleure équipe de Ligue 1 depuis la 18e journée.

Encore loin de la série d’invincibilité de 17 rencontre du Stade de Reims de Will Still, l’OGC Nice est l’une des attractions de la Ligue 1 version 2023. Après avoir remplacé Lucien Favre, Didier Digard a insufflé un nouveau souffle à une équipe qui en manquait terriblement. Les contours de l’effectif ont changé durant le mercato hivernal : Andy Delort et Mario Lemina sont remplacés par Terem Moffi et Youssouf Ndayishimiye. Dans le même temps, certains éléments semblent revigorés depuis plusieurs semaines à l’image de Kasper Schmeichel, Aaron Ramsey ou Khéphren Thuram. « Il nous donne beaucoup de confiance, on essaie de lui rendre », expliquait le milieu de terrain français sur le plateau de Prime Video après la large victoire à Monaco.

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Après avoir entraîné les U17 et la réserve du club azuréen, s’asseoir sur le banc de l’équipe professionnelle pouvait être risqué mais s’inscrivait dans la lignée logique. Quand Lucien Favre vouvoyait les joueurs et semblait dépassé par la nouvelle génération, Didier Digard, quant à lui, la connaît par cœur. « Il est cash avec nous, direct, honnête et nous dit les choses. On adhère à ses idées de jeu et ça marche. Il a un discours plus jeune, on se régale sur le terrain », affirme d’ailleurs l’avant-centre Gaëtan Laborde au micro de RMC. De trois ans le cadet de Dante, capitaine du Gym, l’entraîneur profite de sa fraîcheur pour faire tirer tout son groupe dans le même sens. 

IDÉES CLAIRES

Constamment surclassé durant sa formation, papa à 16 ans et retraité à 32, la maturité fait la force de Didier Digard. Jusqu’à son poste d’entraîneur numéro un, l’âge n’a jamais été un problème pour l’ancien détenteur du brassard à Nice. L’important pour lui, c’est le jeu. Nicolas Dubois, un de ses formateurs durant le passage du BEF, raconte à So Foot : « Le plus compliqué, ça a été de formaliser ses idées. Les mettre en place sur un terrain, c’est une chose, mais ça prend plus de temps de les formaliser. Il a des principes forts dans son modèle de jeu et il les a défendu avec intérêt devant le jury. C’étaient des présentations de qualité. »

(Source : Nice Matin)

Cadre de la formation niçoise de Claude Puel puis observateur privilégié du Real Betis de Quique Setién, l’actuel entraîneur du Gym a toujours su dans quel sens il voulait aller. « Au Betis, Setién était prêt à mourir pour ses idées. Il n’aurait jamais changé sa philosophie de jeu parce que les résultats allaient moins bien. Personnellement, je préfère ne pas mourir, mais quitte à mourir, autant que ce soit avec tes idées », prophétisait-il à Monaco-Matin en 2019. Même s’il n’a pas encore connu la défaite en Ligue 1, il ne semble pas changer son fusil d’épaule en reniant ses idées.

Celles-ci sont toutefois multiples. Le 4-2-3-1 inaugural face à Montpellier a laissé place à une défense à cinq à Lens pour se calquer sur le système artésien ou encore à un 3-5-2 porté sur les transitions contre Monaco. « Le système n’est pas important en soi, confiait l’entraîneur dans les couloirs de Bollaert. Il faut donner le plus de repères possibles. Beaucoup d’équipes ont tenté ici, beaucoup ont perdu. Notre plan a marché. Je ne vais pas donner la recette à tout le monde. Nous, on se concentre sur le fait de ne pas reculer. C’est la clé. Des matches, on va en perdre, mais j’aimerais qu’on rentre chez nous en se disant qu’on a tenté. » Pour cela, l’OGC Nice s’anime par un 3-2-5 en phase de possession avec une recherche de la largeur dans le camp adverse. Il n’est pas rare de voir les ailiers se placer dans les demi-espaces pour laisser la profondeur aux latéraux. L’arrivée de Terem Moffi permet une utilisation plus concrète de la profondeur comme ça a été le cas à Louis II où il a marqué deux buts dans le dos de la défense monégasque.

INTENSITÉ DE TOUS LES INSTANTS

Quelques semaines auparavant, pour s’imposer au Vélodrome, Terem Moffi, Sofiane Diop et Gaëtan Laborde n’avaient pas compté leurs efforts. La méthode Digard fonctionne par la multiplication de mouvements devant et de replis défensifs efficaces. Ce vendredi, avant la réception de l’AJ Auxerre, le coach des Aiglons réaffirmait cela à L’Équipe : « On s’entraîne très fort pour répéter ça en match, avec même des entraînements plus difficiles que les matches (…) L’intensité est la base du foot moderne mais ce n’est pas suffisant car on n’aurait que des marathoniens. Les joueurs font tout avec ballon. Ils restent dans le plaisir, les automatismes. » Les termes « intensité » et « plaisir » sont ceux qui reviennent systématiquement dans la bouche de Didier Digard et que l’on aperçoit rapidement sur le rectangle vert.

(Source : Onze Mondial)

Même média, même son de cloche chez le capitaine Dante : « On s’est focalisé sur l’intensité. L’équipe en manquait sur toute la durée d’un match. On a haussé l’intensité de toutes les séances, pour avoir une équipe très agressive et dynamique, avec des exercices qui donnent plus de jus. » À ce jeu là, les grands gagnants sont Hicham Boudaoui et Khéphren Thuram. Après avoir été trimballé à tous les postes, l’international algérien trouve enfin de la stabilité dans le rôle de sentinelle où il excelle par son nombre de courses avec et sans ballon. Un peu plus haut, le Français retrouve le niveau affiché avant l’arrivée de Lucien Favre. Auteur de deux buts et autant de passes décisives sous les ordres de Didier Digard, il réalise une deuxième partie de saison convaincante. Suffisant pour intéresser l’autre DD ?

Pour cela, il faudra que l’OGC Nice fasse un bon parcours européen. Opposé au Sheriff Tiraspol en huitième de finale de Ligue Europa Conférence, le Gym a pour objectif de jouer sur les deux tableaux en cette fin de saison. Actuellement septièmes de Ligue 1, les Aiglons ont en ligne de mire Lille, à trois points, et Rennes, à cinq, avec la volonté d’intégrer le top 5 du championnat. Place impensable il y a quelques mois. De nouvelles proies à afficher sur le tableau de chasse et le diplôme du BEPF à acquérir prochainement afin éviter trop d’amendes pour – enfin – lancer le projet Ineos.

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