Non conservé par les Girondins de Bordeaux à l’âge de 15 ans, Damien Da Silva peut finalement se targuer d’avoir réussi une belle carrière. Fort d’un parcours atypique, celui qui est notamment passé par Caen, Rennes ou Lyon évolue depuis février au Melbourne Victory où il a choisi de tenter sa première expérience à l’étranger, à bientôt 35 ans. Élu joueur de la saison du club australien cette semaine, il dresse le bilan de ces trois premiers mois. 

Tu as été élu joueur de la saison du Melbourne Victory après seulement trois mois passés là-bas, peut-on parler de débuts rêvés ? 

C’est vrai que ça a bien commencé pour moi. Même si ce n’était pas évident au début car je ne parlais pas très bien anglais, tout le monde m’a très bien accueilli. J’ai joué dès la première semaine, c’est allé très vite. Le fait de marquer dès mon deuxième match dans le derby, face au club ennemi et leader du championnat, Melbourne City, m’a aussi pas mal aidé (il sourit). On a gagné ce match-là (3-2) et ça m’a permis d’être tout de suite adopté par le public. Malheureusement, collectivement, ça a été plus compliqué et ça reste le plus important. (Melbourne Victory a terminé 11ème sur 12 dans la ligue fermée australienne).

Sur le plan des résultats, comment expliques-tu la mauvaise saison du club ? 

On n’a simplement pas été au niveau. C’est dommage parce qu’en arrivant ici, j’ai senti que j’arrivais dans un très bon club, le meilleur d’Australie, et que les résultats n’étaient pas en adéquation avec le standing du club. Je pensais que ça pouvait changer rapidement. 

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Pendant ce temps, Melbourne City a terminé la saison régulière à la première place. Une vraie rivalité oppose-t-elle les deux clubs ? 

Melbourne City est un club très jeune qui dispose de moyens importants depuis qu’il est l’une des nombreuses filiales de Manchester City. Ça leur permet d’être au-dessus. Par contre, Melbourne Victory reste le club qui a le plus de fans dans le pays. On peut comparer ça à la rivalité qui oppose Manchester City à Manchester United en Angleterre. Manchester City est aujourd’hui plus fort mais Manchester United peut compter sur un nombre de fans et sur une aura bien plus importants. 

As-tu toujours envisagé une expérience à l’étranger pour terminer ta carrière ? 

Oui, mais ce n’était pas forcément prévu pour finir ma carrière. Ça fait un petit moment que j’avais cette idée-là en tête. J’y ai pensé après Caen mais l’opportunité de Rennes était très intéressante, notamment pour découvrir la coupe d’Europe. Pareil pour Lyon après Rennes. J’ai vu Lyon comme un énorme challenge. Par rapport à ma carrière et ce que représente Lyon en France, je ne pouvais pas refuser. L’occasion de découvrir l’étranger s’est présentée cet hiver. Après les derniers mois à Lyon où je ne jouais presque plus, le plaisir que procure le terrain me manquait trop. C’était très dur de ne pas jouer le week-end. Quand Melbourne m’a appelé et que j’ai senti qu’ils avaient vraiment confiance en moi, j’ai foncé. Au-delà du foot, une belle aventure s’offrait à moi. Avec ma femme, on est aujourd’hui très heureux à Melbourne. 


« C’est le premier club où j’ai le droit à ma petite chanson. C’est sympa, j’essaie de le rendre sur le terrain. »


Comment s’est faite ton arrivée au Melbourne Victory ? 

Fahid Ben Khalfallah, un ancien joueur des Girondins et du SM Caen, a fait l’intermédiaire. Il travaille aujourd’hui comme agent en Australie. Après sa fin de carrière de joueur en Australie et notamment au Melbourne Victory, il a décidé d’y rester. Il est tombé amoureux de la ville, du club. Il a joué un rôle important dans ma venue.

Fahid Ben Khalfallah est lui aussi un ancien Girondin. Portes-tu toujours Bordeaux dans ton cœur ? 

Bien sûr. Ça a toujours été un club particulier pour moi. J’y ai grandi et j’ai toujours été supporter des Girondins. C’est encore plus le cas depuis que je ne suis plus en Ligue 1. J’ai très envie qu’ils remontent. Dès que je peux, même si c’est parfois difficile avec le décalage horaire, je regarde les matchs ou au pire les résumés. J’aime beaucoup l’équipe de cette saison. 

A Melbourne, quel rapport as-tu avec les fans ? 

Globalement, étant un joueur qui ne triche pas et qui donne le maximum, j’ai toujours eu une assez bonne relation avec les fans dans les clubs où je suis passé. Les critiques font évidemment partie du truc mais ici, c’est vrai que le but d’entrée dans le derby m’a tout de suite aidé. Pour les supporters, gagner ce match-là compte beaucoup. C’est le premier club où j’ai le droit à ma petite chanson. C’est sympa, j’essaie de le rendre sur le terrain. 

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Vue de France, l’Australie n’est pas forcément un pays de football, qu’est ce qui est différent de chez nous ?  

En Australie et surtout à Melbourne, le football australien (sorte de variante du football américain) est le sport numéro 1. Tout le monde est fan de l’AFL (Australian football league) comme on est fan de football en France. C’est le sport phare. Le football vient derrière avec le rugby et le cricket. Au Victory, je sens quand même qu’il y a de vrais fans. Même certainement plus que dans les autres clubs.

Au niveau du foot, comment estimes-tu le niveau ? As-tu été surpris en arrivant ? 

Forcément, ce n’est pas le même niveau qu’en France. Les moyens ne sont pas les mêmes. Pour donner une idée, je comparerais ça à la MLS du début des années 2010, quand tout a commencé. Il y a un potentiel, je n’ai pas été déçu du niveau en arrivant. Il y a de bons joueurs, de bonnes équipes. Ça correspond plus ou moins à ce que j’attendais. 

Y-a-t-il de la qualité chez les jeunes qui émergent ? 

J’ai connu Rennes et Lyon où il y avait de très bons jeunes. Ici, ce n’est pas pareil même si j’ai joué contre certains qui, je pense, seront amenés à évoluer en Europe. 


« Je vais avoir 35 ans mais je n’envisage pas de raccrocher bientôt. »


Hors-foot, comment se passe ton séjour australien ? 

Le rythme n’est pas le même que chez nous. Ici, les Australiens se lèvent très tôt et vivent beaucoup dans les cafés. Dès 6 ou 7h, les cafés sont bondés. C’est un peu une coutume avant d’aller travailler. À midi, ils mangent aussi dans les cafés. En revanche, le soir, ils dînent à 18h et ne sont pas des couche-tard. Dans l’ensemble, je trouve les gens plutôt chaleureux, agréables et au niveau sécurité, on a l’impression qu’il ne peut rien se passer. 

S’il y a dix ans, lorsque tu jouais à Rouen en National, on t’avait dit que tu aurais accompli une telle carrière, tu y aurais cru ? 

Je ne pense pas. C’est vrai que je suis très fier et heureux d’avoir eu ce parcours-là. Je n’échangerais ma carrière pour rien au monde. Je pense qu’on prend encore plus de plaisir à gravir les échelons petit à petit, avec des difficultés. Aujourd’hui, je ne me vois pas du tout sur la fin. Je vais avoir 35 ans mais je n’envisage pas de raccrocher bientôt. Cette aventure en Australie n’est pas la dernière étape de ma carrière. J’ai tellement envie de continuer. On verra ce qui se présente à moi. J’ai l’habitude de fonctionner au jour le jour et d’avoir de belles surprises. 

Damien Da Silva ici face à l’ancien niçois désormais joueur de Sydney, Morgan Schneiderlin. (Source : Icon Sport)

Physiquement, es-tu encore en pleine bourre ?

Oui, je me sens très bien. C’était déjà le cas à Lyon. Même si je ne jouais pas, j’étais en forme. De toute façon, si je ne suis pas en forme, je ne suis pas bien dans ma vie. J’ai continué à travailler comme je l’ai toujours fait. Avec les moyens dont on dispose, on peut jouer plus longtemps qu’avant. Pour moi, le but est de pousser au maximum. Quand je verrai que ce sera dur physiquement, je me poserai des questions. Pour l’instant, ce n’est pas le cas. 

As-tu été sollicité en France cet hiver avant ton départ pour Melbourne ? 

Oui mais ce n’était pas ce que je recherchais, je privilégiais l’expérience à l’étranger. Après Lyon, je ne me voyais pas repartir dans un club de Ligue 1 qui jouait le maintien ou le ventre mou. Le moment était venu de tenter autre chose.

Et si à l’avenir, les Girondins t’appellent pour les aider à se maintenir en Ligue 1 ? 

Ce serait impossible pour moi de refuser Bordeaux. J’ai toujours rêvé de jouer dans ce club-là, sous ces couleurs. Le maillot du Melbourne Victory est d’ailleurs quasiment identique à celui des Girondins (rires). Plus sérieusement, en tant qu’enfant du club, ça aurait été une grande fierté pour moi et ma famille de porter ce maillot. 

Propos recueillis par Adrien Cornu

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